Troisième et dernière partie de ce petit photo-reportage dans le nouveau quartier de la Confluence, sur la presqu'île à Lyon. Après nous être intéressés au nouveau type d'architecture mis en place dans ce quartier et avoir proposé une sorte de contre-champs nostalgique sur l'ancienne "zone", cette nouvelle série essaie de cerner de façon critique l'esprit et les enjeux d'un tel projet urbain en s'attardant sur quelques petits détails. Au programme : visite du village de vente du quartier, arrêt sur ces tableaux d'architectes qui nous présente une image idéalisée des lieux à venir (où les passants semblent avoir un téléphone portable greffé sur le crâne), petit aperçu des innombrables panneaux d'interdiction ou de vidéosurveillance qui jalonnent les lieux, arrêt devant ces nouveaux ghettos de riches qui se mettent en place (protégés par d'imposantes barrières qui interdisent tout accès), immeuble à l'effigie de GDF Suez, etc. Au passage, je me suis amusé à relever tous ces slogans publicitaires qui font la propagande de ce vaste projet urbain à travers des formules aussi emphatiques que révélatrices comme : "aujourd'hui, une nouvelle vie", "comme une île dans la ville", "hier le marché de gros, demain le quartier du marché : un centre ville prolongé"... Enfin, ces quelques photos donnent un aperçu du type d'activités proposées dans le quartier : bureaux, "pôle de loisirs et de commerces" (que ces deux termes soient devenus à ce point indissociables et synonymes ne devrait cesser de nous interpeler...) et galeries d'art luxueuses (de quoi donner de nouveaux arguments à tous-tes ceux-celles qui insistent sur le rôle joué par ce type de commerces et par l'argument culturel dans le processus de gentrification). En guise de provocation, un colleur d'affiche anonyme a étalé en grand, sur un bâtiment destiné à l'implantation de nouvelles galeries d'art, l'adresse suivante : "artistes, encore un effort" (parodiant le titre de cette célèbre brochure révolutionnaire fictive "Français, encore un effort si vous voulez être républicains" que Sade insérait dans La Philosophie dans le boudoir). Au final, je suis reparti de ce quartier chic et choc avec un constat assez amer en tête : on ne va guère s'amuser par ici...